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Adeline
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Messages : 20
Date d'inscription : 14/07/2016
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en contrebas la rivière Empty en contrebas la rivière

Sam 28 Oct - 8:10
Six heures et demie du soir en été.
Les coups résonnent, étouffés.
La maison est close.
La lourde porte d’embrun a été verrouillée.
Les parois, chêne d’or, étouffent les sons.
La maison est ensommeillée.
On n’y entre pas.
L’entrée est interdite.
L’entrée a été interdite.
La maison sommeille,
bercée par les flots,
en contrebas la rivière.
On n’entre pas.
Les pétales forment écrin.
Aucun souffle d’air ne doit pénétrer,
et faire frémir les roses trouées, disséminées.
L’encens est pourrissant.
La maison est close.




J’ai l’enfance qui remonte.
- Il me faut déglutir. –

Six heures et demie du soir en été.
La pluie sur le béton, la pluie sur le verre, la pluie sur la chair – s’écoule.
Goutte à goutte.
Le mirage d’un orage dans sa tête, sur la maison, sur les volets clos.
Le mirage d’une destruction s’approche, gronde – elle engloutit tout.
Elle épie les cieux, avide. Ne permet pas son reflet dans le noir de la nuit, au creux d’une lucarne.
Elle erre, mensongère, mime l’effusion.
La même valse tournoie, le même air la corsète.




J’ai le visage ravagé,
début de tempête.
Ciel gris de lune.
Remous qui agitent l’eau, les bateaux.
Voiles désamarrées.
Une petite fille,
musique dans les oreilles,
suit le chemin d’azur.
Le bruit de ses pas feutré
sur le muret de pierre.
La maison est dans son dos.
Le pêcher, les tulipes, et les amaryllis aussi.
Sa tête est vide.
Elle oublie,
et aspire les notes
qui s’accrochent à ses oreilles.
Le ciel est gris.
Il va pleuvoir.
Petite fille mouillée qui attend,
qui se veut implorante,
sur le seuil de la maison.
Loin, la rivière.




Six heures et demie du soir en été.
La femme attend la pluie.
Ciel gris ourlé de bleu.
Elle s’est alanguie, tout près de la fenêtre.
Les yeux rivés.
Son corps est flou, noyé d’ombre.
Le soleil s’est retiré.
Thisbée attend, immobile, la pluie.
Le grondement de l’orage.
L’ébène strié d’incandescence.

Elle attend l’explosion,
du ciel qui éclate en morceaux.

De loin lui viennent des bribes, incohérentes.
Une mélodie brisée,
fracturée de longs temps silencieux.
Les mains effleurent le piano, doucement, douloureusement.
Le morceau est oublié,
lente immersion, dans de l’eau vaseuse.
Un jour appris, contrainte.
Les notes à retrouver, brèves, évanescentes,
nénuphars flottants hors de la mémoire.
Fuyants.
Les doigts de la fillette
se posent, maladroits.
La mélodie, saccades, affleure.

Le vase est clos.
Vase vert sans fleur.
Pétales sur bitume.
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